Jour de brume en train
La brume était très épaisse ce matin-là.
La vision, elle, était fantastique.
L'impression de voyager dans le rien.
Un décor blanc opaque et tenace se laissant pourtant pénétrer.
De temps à autre des formes fantomatiques apparaissaient pour disparaître tout aussi vite.
Aucun horizon, seul un blanc tenace d'où se détachaient pour s'estomper dans un même élan les herbes blanchies par le givre.
Ça et là, les bas côtés de la voie ferrée foisonnaient de branches s'accumulant sur les vitres au rythme du train.
Un voyage dans l'intimité du rien. Aucune destination.
Seule ma conscience était capable de dire où j'allais réellement, mais mon âme, quant à elle, était aussi opaque et fantomatique que cette brume.
Rien de réel ne parvenait à émerger de mon esprit.
Une pensée : la brume révèle l'essai qu'est le monde...
Je me laissais m'assoupir dans ce cocon de coton où ciel et terre avaient disparu.